Dates: avril 2014 – avril 2015
Budget: 15.000€
Malgré l’utilisation des sceaux depuis la plus lointaine antiquité avec la triple et importante fonction (qu’ils continuent à accomplir aujourd’hui) d’identifier, valider et maintenir quelque chose fermée, les soins avec leur inventaire, préservation et étude n’ont pas été les plus souhaitables.
Au Portugal il n’y a pas de prélèvement systématique qui permette de connaître le nombre de sceaux qui existent ni leur état de conservation ou d’évaluer les pertes souffertes. Une analyse récente concernant les sceaux antérieurs à 1319 des fonds d’archives du chapitre de la cathédrale de Coimbra conservés aux Archives Nationales Torre do Tombo (ANTT) signale presque 50% de sceaux disparus et un quart seulement de ceux conservés pouvant être considérés en bon état (MORUJÃO, 2010). Ce fonds étant un de ceux qui conserve le plus grand nombre de sceaux, ces chiffres constituent un indicateur effrayant du besoin urgent de sauvegarder le patrimoine sigillographique qui subsiste encore dans notre pays.
On peut ajouter à ce panorama peu optimiste le fait que le Portugal, au contraire d’autres pays européens, n’a pas connu un programme de moulages systématiques de sceaux ni d’élaboration de catalogues sigillographiques. Nous possédons seulement, en tant qu’essai plus élargi de catalogage, l’ouvrage bien connu de Luís Gonzaga de Lancastre e Távora, Marquês de Abrantes, O estudo da sigilografia medieval portuguesa (Lisbonne, 1983), qui ne concerne qu’une partie des sceaux médiévaux conservés aux Archives Nationales Torre do Tombo et un nombre réduit d’empreintes et de matrices sigillaires d’autres provenances, et qui présente des erreurs et des imprécisions variées, n’étant pas du tout d’accord avec les critères d’inventaire et de catalogage internationaux définis, depuis 1990, par le Vocabulaire International de la Sigillographie (Rome, 1990).
La renaissance et le renouvellement de la science sigillographique vérifiés depuis quelques décennies, par la main de Michel Pastoureau, ont donné un nouvel élan à l’étude de ces “petits monuments”. Pendant les dernières années et en plusieurs pays, les sceaux ont été le sujet de grandes expositions, de réunions scientifiques multidisciplinaires et de projets de recherche. Au Portugal, l’intérêt pour cette discipline a augmenté pendant les deux dernières décennies. Mais on ne peut pas étudier ou diffuser ce qu’on ne sait pas qui existe ni où se trouve, et le contact avec les sceaux a conduit les chercheurs à la constatation de l’urgence de préserver l’ensemble sigillographique national, par l’élaboration de son inventaire, catalogage et divulgation.
C’est dans ce cadre qu’apparaît le projet “SIGILLVM: Corpus des sceaux portugais” et se développe sa première grande étape, consacrée à l’inventaire, catalogage et numérisation de la sigillographie ecclésiastique séculière médiévale portugaise, la première d’un plan de travail plus vaste – SIGILLVM PORTUGALIAE ® – dont le dessein, à moyen terme, est d’élargir l’univers sigillographique inventorié à la totalité des sceaux portugais jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.